Le projet Gdeo a démarré depuis août 2014 et s’achèvera le 30 novembre 2019. Au cours d’un processus initié en janvier 2013, la Tunisie s’est intéressée au développement durable des oasis, pour les préserver, en identifiant l’écosystème agricole en tant qu’élément de maillage de développement territorial intégré. Ce processus a été couronné par la signature d’un accord de don du FEM à travers la Banque mondiale d’un montant de 5,7 millions de dollars pour le financement de ce projet.
Le ministère des Affaires locales et de l’Environnement a organisé, la semaine dernière, un atelier sur le projet : « Gestion durable des écosystèmes oasiens en Tunisie » en collaboration avec le bureau de la Banque mondiale. Cet atelier vise le renforcement des capacités des parties prenantes aux niveaux national, régional et local et la mise en œuvre de plusieurs initiatives portant sur la concrétisation de la stratégie tunisienne de développement durable des oasis. Ce dernier a pour but aussi la création de 1750 emplois directs en faveur des jeunes chômeurs dans 6 oasis pilotes.
Dans ce contexte, M.Mohsen Boujbal, exportateur de dattes et président du conseil d’administration, a révélé lors de cet atelier que « notre entreprise a été créée en 1982. Elle a plus de 37 ans. Nous exportons chaque année entre 12 et 13 mille tonnes de dattes . Nous travaillons avec des producteurs de la région de Hazoua située à Tozeur et Rjim Maatoug située à Kébili. Notre entreprise assure l’encadrement technique pour pouvoir améliorer la qualité finale de nos produits. Nous accordons la plus grande importance à la préservation des ressources naturelles et spécialement les ressources en eau qui sont de plus en plus rares dans nos régions ».
Le palmier dattier est une ressource essentielle dans les régions semi-desertiques. Le secteur privé contribue au développement du marché et promeut les produits au niveau international. De ce fait, les zones oasiennes ont un grand potentiel en termes de création d’emplois, de biodiversité, d’artisanat et de tourisme.
Ces zones constituent le système le plus productif qui offre une valeur marchande considérable aux produits agricoles particulièrement les dattes.
Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (Sitam)
Conscient des contraintes qui menacent la durabilité des oasis tunisiennes, Dr Noureddine Nasr, chargé de la production et de la protection des végétaux dans la région Afrique du Nord (FAO), a évoqué le rôle des Sipam en faveur du développement durable.
Partout dans le monde, des générations d’agriculteurs et d’éleveurs ont créé des systèmes agricoles spécifiques qui valorisent les ressources naturelles locales et qui sont basés sur des pratiques adaptées à la réalité locale. Ces systèmes agri-culturels ingénieux reflètent l’évolution du genre humain et la profondeur de sa relation avec la nature. L’initiative du Sipam vise à promouvoir la compréhension et la prise de conscience quant à l’importance des sites du patrimoine agricole mondial.
L’objectif général de ce projet est d’identifier et sauvegarder les Sipam et les systèmes qui leur sont associés, a relevé l’expert. Cependant, la subsistance des Sipam est menacée par leur faible viabilité économique. «On observe que les nouvelles générations de jeunes agriculteurs abandonnent un tel système. Cela risque de traduire une pression sur les ressources agricoles», a expliqué Noureddine Nasr.
Pour sa part, M. Mohamed Ikbal Souissi, président de la Chambre nationale de l’agriculture biologique et du tourisme vert, chargé du bureau Synagri, a lancé un cri d’alarme sur le charançon rouge qui menace les palmiers dattiers: « Vu la propagation de ce fléau, on risque de perdre nos oasis. En effet, cet insecte n’a pas été totalement éradiqué dans les quatre gouvernorats du Grand-Tunis, à savoir Tunis, Ariana, Ben Arous et La Manouba. Il s’est propagé à Bizerte et à Nabeul et dernièrement à Zaghouan ». M. Souissi propose un plan de communication d’urgence pour que les citoyens soient conscients de cette menace environnementale et collaborent avec le ministère de l’Agriculture pour éradiquer ce parasite qui représente un véritable danger. Etant donné que le ministère de l’Agriculture ne peut pas atteindre seul l’objectif escompté. « Essayons de tirer profit de l’expérience de plusieurs pays qui ont réussi à éradiquer le charançon rouge».